POINT DE PRESSE DU MINISTRE DE LA FONCTION PUBLIQUE DU JEUDI 12 JUILLET 2018

POINT DE PRESSE

THEME : MAITRISE ET OPTIMISATION DE LA MASSE SALARIALE

 

Mesdames et messieurs du monde de la communication,

 

Comme vous le savez, le Conseil des Ministres en sa séance du 21 juin de cette année a arrêté une série de mesures relatives à la réduction du train de vie de l’Etat.  Cette décision faisait suite au rapport qui lui a été rendu par la Task force mise en place par Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA qui a instruit des experts nationaux à l’effet de réfléchir sur les finances publiques de notre pays en vue d’une meilleure exécution du PRE.

Le constat fait par ces experts a révélé un déséquilibre important de nos finances publiques qui se présente sous la forme d’une diminution constante de l’investissement et d’un accroissement massif du déficit dont l’une des causes objectives est le poids énorme de notre masse salariale.

En effet, l’analyse économique du budget de l’Etat ces cinq dernières années montre une évolution anormale de la masse salariale qui compromet considérablement les efforts d’investissement et donc de croissance de notre pays. Les politiques publiques, en matière sociale particulièrement, s’en trouvent ainsi fortement compromises à la fois dans leur mise en œuvre et par rapport aux résultats escomptés.

En l’état actuel des données, les chiffres que je vais vous donner sont suffisamment éloquents :

  1. Dans la Loi de Finances 2018, la Masse salariale était de près de 710 milliards ce qui représentait près de 59% des recettes fiscales prévues estimées alors à 1 205 milliards de FCFA. Mis en perspective avec les critères de convergence CEMAC, ces chiffres plaçaient le Gabon largement au-dessus du seuil de convergence communautaire CEMAC de 35%, au niveau duquel il aurait normalement du se situer, soit à un niveau de masse salariale de près de 422 milliards.
  2. Par ailleurs, la mise en perspective de la masse salariale du Gabon avec la situation dans les autres Etats de la sous-région révèle également une situation anormale de notre pays sur ce plan.

 

La population de notre Fonction Publique est aujourd’hui de 105 851 agents alors que la population totale du Gabon, selon le dernier recensement général de la population, est d’un peu plus de 1 800 000 habitants, ce qui indique un ratio de 55 agents publics pour 1000 habitants.

 

A titre de comparaison, le Cameroun voisin qui compte 23 439 190 habitants, présente un rapport fonction publique/population qui est de 13 agents publics pour 1000 habitants. Le Sénégal, 15 084 690 habitants, compte 132 733 agents publics, soit 8 agents fonctionnaires pour 1000 habitants. Le Congo, 5 125 821 habitants, a 150 000 fonctionnaires, soit 29 agents publics pour 1000 habitants.

Au total, si l’augmentation du nombre de fonctionnaires dans notre pays peut s’expliquer, notamment depuis 2011, par l’accroissement des dépenses sociales et la nécessité de faire face à l’insécurité et au déficit de personnels dans les secteurs prioritaires (Education nationale, Santé,…), il reste que cette augmentation représente un risque en raison de son effet néfaste sur l’investissement et la mise en œuvre de la politique sociale du Chef de l’Etat.

Il était donc plus qu’indispensable, sinon urgent, d’inverser la tendance à la hausse constatée en maîtrisant les flux d’entrée dans notre fonction publique, de sorte que des économies soient engrangées et orientées vers le financement des politiques publiques bénéfiques aux couches sociales des plus vulnérables.

Pour atteindre cet objectif, les moyens sont bien entendus nombreux. On peut agir sur la fiscalité ou même recourir à l’emprunt. Mais vous conviendrez avec moi, que ces moyens ne sont pas sans dangers pour notre économie. Le financement de l’économie par l’alourdissement de la charge fiscale des ménages comme des entreprises et le recours incontrôlé à l’emprunt pour financer l’investissement auraient pour conséquence évidente de fragiliser nos entreprises et donc d’accroitre le chômage, d’une part, et de rendre la vie encore plus chère, d’autre part.

Devant ces inconvénients, dont la liste n’est pas exhaustive, l’une des solutions laissées à notre pays réside dans les mesures annoncées par le Gouvernement qui sont, en ce qui concerne le Ministère de la Fonction Publique, d’ordre conjoncturel ; lesquelles s’ajoutent aux mesures structurelles déjà en cours de mise en œuvre dans le cadre de la modernisation de la Gestion des Ressources Humaines de l’Etat, conformément aux objectifs du  PSGE. 

Sur la question de la masse salariale, les chiffres et les difficultés rapportés plus haut ne valent rien s’ils n’ont pas un lien avec la mission de gestion qui est la nôtre, à savoir donner du travail et assurer la qualité du service public dans notre pays. Pour parler simplement, comment envisager les recrutements des jeunes diplômés, le suivi des carrières sans tenir compte de l’incidence financière ? C’est vous dire que la situation actuelle ne permet plus à la Fonction Publique d’assumer sa mission principale.

L’orientation donnée par le Chef de l’Etat s’impose donc par la logique et par les évidences que je viens de vous indiquer.

Le processus qui est proposé aujourd’hui est destiné à mieux préparer l’avenir pour les jeunes diplômés qui auront choisi de faire carrière dans l’administration publique et pour tous les agents publics que les mesures actuelles sembleraient léser.

Justement les agents publics doivent bien comprendre que le gouvernement se mobilise en leur faveur pour garantir les bonnes conditions de travail, le principe d’un parcours professionnel ascendant, la qualité du service, la dignité de l’agent public, le versement régulier des salaires.

Pour que nous soyons tous au même niveau d’information, je vous rappelle que ces mesures visent principalement à :

  • ramener la masse salariale mensuelle à 40 milliards FCFA en 2018 et à 35 milliards FCFA en 2019 pour atteindre un objectif d’économie globale de 70 milliards par an en fin d’année, et parvenir finalement à une masse salariale qui va plafonner autour de 400 milliards par an dans trois ans ; 

  • stabiliser la masse salariale de façon durable ; 

  • mettre en place des mesures structurelles de gestion des ressources humaines et de la paie. 


Pour la suite de mon exposé, permettez-moi donc de revenir sur les mesures rendues publiques par le Conseil des Ministres en sa séance du jeudi 21 juin 2018- mesures conjoncturelles vous l’avez compris-  et d’y apporter des éclaircissements (I).

Je reviendrai également, mais très rapidement, sur les mesures structurelles évoquées plus haut que nous mettons en œuvre actuellement avec l’appui de la Banque mondiale (II).

Puis, je ferai un focus sur l’une des mesures les plus emblématiques parmi celles qui ont été annoncées, à savoir la mise en bons de caisse des agents publics (II).

Voir la Présentation du Ministre..